Restauration d’une malle de voyage : les finitions

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Après avoir nettoyé la malle de voyage, la seconde étape de la restauration consiste à lui redonner son lustre d’antan. Pour cela, le travail sera décomposé en quatre temps :

 

1- Peindre les ferruresIMGP0035

Les ferrures préalablement poncées, sont peintes avec de la peinture noire brillante destinée au mobilier d’extérieur. Mon choix s’est porté sur cette peinture parce qu’elle s’applique directement sur la rouille et protège le métal. La deuxième couche de peinture est posée après 24h de séchage et un léger ponçage est indispensable entre les deux couches. Bien que le tissu ait été préalablement protégé par du scotch de peintre, je n’ai pas hésité à prendre de la peinture de qualité (marque 3V3) pour ce travail minutieux : la peinture s’applique et se tend facilement et elle ne coule pas. Le travail est donc propre et sans bavure !

Sur la photographie, on peut voir que les poignées ont été démontées pour être peintes. Une fois sèches, elles sont replacées avant le temps n°3.

 

2- Peindre les lattes en bois

Après avoir testé le brou de noix, il est utilisé pour redonner de l’éclat aux lattes en bois.

Le bois se teint progressivement avec les applications successives (au pinceau) de la préparation au brou de noix. Après séchage, le bois est lustré à l’huile de tournesol (appliquée avec un chiffon).

 

 

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3- Remise en place des pieds

La protection métallique des angles inférieurs de la malle sont pliés à coup de marteau. Puis, après avoir nettoyé, traité et peint au brou de noix le cadre de bois qui maintenait l’ensemble de la malle et qui faisait office de pied, les planches le constituant sont remises en place et clouées avec des clous de tapissier.

 

4- Fabrication d’un coffrage intérieur IMG_6348

Pour se protéger des clous et ne pas endommager le système de fermeture de la malle, un coffrage doit être installé. L’inconvénient de ce système est que les quatre coins métalliques sur lesquels les tiroirs reposaient à l’origine disparaissent. Pour pallier ce problème, un deuxième coffrage moins haut que le précédent est fabriqué.

En outre, pour éviter de visser les planches dans la malle les coffrages sont conçus de telle sorte qu’ils puissent se supporter eux-même. L’idée est de pouvoir démonter tous les éléments qui ne sont pas d’origine. Les schémas suivants permettent de visualiser le double coffrage.

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Pour fabriquer ce coffrage, des planches de bois fines (pour ne pas perdre trop de place) sont coupées aux dimensions de l’intérieur de la malle.

A l’aide d’une craie, le tissu choisi pour habiller le coffrage est marqué puis découpé. Attention à laisser de la marge pour fixer le tissu sur la face arrière de la planche.

Une fois le tissu coupé, il faut le coller sur la planche.

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Le choix de la colle a été long parce qu’une colle à tissu n’est pas destinée au bois et une colle à bois aurait été visible à travers le tissu. Pour éviter les vagues de colle, je me suis tournée vers une colle multiple-supports en bombe (colle 3M scotch-Weld 90).

J’en profite pour donner une petite astuce de l’amie Clotilde : pour que la colle ne tâche pas le tissu, humidifiez préalablement la surface de tissu qui ne sera pas collée 😉

Pour renforcer le maintien, le tissu est agrafé sur la face arrière de la planche.

Cette opération est répétée neuf fois pour : les quatre planches latérales du premier coffrage et le fond de la malle ainsi que pour les quatre planches du deuxième coffrage. Pour décorer la malle, les coffrages sont recouverts de deux tissus différents.

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Le fond du coffrage est enfoncé en premier. Les dimensions étant très ajustées, les planches latérales sont agencées dans la malle puis les quatre planches sont poussées contre la paroi ensemble. Le fait que toutes les planches soient emboîtées les unes dans les autres fait que le coffrage n’a pas besoin de renfort supplémentaire.

Une fois le premier coffrage mis en place, le deuxième coffrage est installé de la même manière. Celui-ci est plus difficile à encastrer à cause de l’épaisseur du tissu.

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Après avoir fini le coffrage, j’ai recouvert l’intérieur du couvercle avec du tissu. Pour ne pas endommager le bois, je n’ai pas collé le tissu directement sur le couvercle. J’ai tout d’abord pris une planche très fine et très souple (le type de « planche » que l’on retrouve dans le fond des bibliothèques ou derrière les cadres en verre) que j’ai recouverte de tissu et que j’ai ensuite agrafé à l’intérieur du couvercle.

malleQuant aux faces latérales, elles ont elles-aussi été recouvertes par un coffrage léger. Ce coffrage a une double fonctionnalité : esthétique et utilitaire puisqu’il permet de maintenir la planche du couvercle.

A noter que pour les petits cotés, j’ai coupé mon coffrage dans une chute qui m’avait servi à faire le coffrage de la caisse. Pourquoi ? Pour poser le frein qui retient le couvercle, il est indispensable que l’intérieur de la caisse et du couvercle soit aligné !

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Restauration d’une malle de voyage : le nettoyage

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DSCI0120L’hiver approchant, il est indispensable que je restaure cette malle de voyage des années 30 rapidement car pour le moment elle dort dehors à cause des petits habitants qui la squattent (et oui, le bois tendre et ancien plaît aux bêtes !).

Pour la petite histoire, la malle (ou le coffre) est un meuble ancien pouvant avoir de multiple fonctions : rangement, « valise », chaise, etc … Avec le développement du transport ferroviaire, la fabrication des malles s’intensifie et se démocratise dans les années 1870 pour quasiment disparaître après la Seconde Guerre Mondiale. Pour plus d’informations, je vous conseille la visite du site « La malle en coin » .

Ici, la malle et son couvercle bombé sont entièrement recouverts de tissu et sont ornés de lattes peintes en noir maintenues par des ferrures abîmées par le temps. Comme le montre la photographie suivante, la particularité de cette malle est qu’elle possède deux tiroirs amovibles. Le cadre de ces tiroirs est fait d’un bois très fin, et le fond en tissu rend les tiroirs très fragiles. On comprend aisément que cette malle n’a pas été conçue pour le transport d’objets lourds mais pour un usage domestique. Dans la partie basse  (au niveau du plancher) étaient disposés les objets les plus lourds, tels que les nécessaires de toilette, et le linge de maison et les toilettes étaient rangés dans les tiroirs.

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Le but de la restauration va être de conserver au maximum les éléments d’origine de la malle. Il va donc falloir traiter le bois sans ôter le tissu extérieur. La première étape consiste donc à arracher le papier qui tapisse l’intérieur de la malle (outils : une spatule et une éponge imbibée d’eau chaud).

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Le dé-tapissage de l’intérieur de la malle a découvert les finitions succinctes réalisées lors de sa fabrication : clous qui dépassent (attention à ne pas se faire mal) et non protection du système de fermeture. Si on ajoute à ceci le fait que le bois a travaillé avec le temps, un coffrage semble indispensable !

Une fois séchée, la malle est traitée au xylophène (même procédure que pour la malle Menier).

Les lattes extérieures ainsi que le tissu sont aussi marqués par les bêtes et pour ne pas dégrader la colle qui maintient le tissu, le xylophène est appliqué localement avec une seringue et passé au pinceau sur les lattes en bois.

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Le revêtement du dessous de la malle est constitué d’un papier de type papier carbone maintenu par un cordage . Après avoir enlevé les lattes qui faisaient office de cadre, le papier a été difficilement arraché. Cette tache n’a pas été de tout repos puisque le papier étant très fin, la colle y est fortement imprégnée. Ce qui rend encore plus désagréable cette partie du travail est qu’avec le temps ce papier se désagrège facilement (façon mille-feuilles) et fait beaucoup de poussière (d’ailleurs, je vous conseille d’utiliser un masque à poussière). Pour finir proprement,  une ponceuse est le moyen le plus efficace pour terminer le nettoyage !

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Le travail suivant consiste à brosser les ferrures avec de la laine d’acier 002 et à poncer les lattes en bois à l’aide de papier de verre. Un solidificateur de bois (liant acrylique) est ensuite appliqué pour renforcer le bois qui s’effile (intérieur de la malle et lattes). Bien que le xylophène soit indispensable pour les bois rongés par les bêtes, ce type de produit contribue à la protection du bois et ne contre-indique pas le cirage ou la teinte du bois traité.

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Le tissu extérieur de la malle est tâché par le temps, aussi pour lui redonner un peu d’éclat il est nettoyé avec un shampooing d’intérieur : AutoGlym. Ce produit est essentiellement destiné aux fauteuils de voiture mais il convient très bien au cuir ainsi qu’à différente sorte de tissu. Après avoir protégé les lattes avec du scotch de peintre et passé l’aspirateur pour enlever la poussière, le produit est testé sur une petite zone puis est vaporisé sur toute la malle selon le mode opératoire suivant :

1- Vaporiser de manière à ce que le produit recouvre toute la surface à nettoyer (inutile de détremper le tissu) ;
2- Laisser agir 30 secondes ;
3- Activer le produit en frottant à l’aide d’un chiffon microfibre ;
4- Laisser agir 1 minute;
5- Essuyer à l’aide d’un chiffon microfibre propre et humide ;
6- Laisser sécher ;

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La malle du grand oncle Eugène : les finitions

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Je suis heureuse de pouvoir vous dire que la caisse de transport des chocolats Menier est enfin terminée !

J’avais conclu l’article précédent sur la différence de teinte entre le couvercle et le bas de la caisse. Pour corriger ce problème, j’ai envisagé deux solutions. La première, et la plus communément employée, est l’utilisation de brou de noix.

Le brou de noix est un colorant naturel extrait du brou de la noix, c’est-à-dire de l’enveloppe verte du fruit qui n’est pas à maturation. Comme le montre la toile de l’artiste peintre Lionel Houee située à droite, la palette de couleurs obtenue avec ce pigment est variée puisque qu’elle va du noir au beige en passant par la couleur chocolat.

La seconde option utilise le marc de café comme colorant. Dans le passé, j’avais teint certains vêtements avec du thé pour qu’ils deviennent invisibles : une nuit dans un bol de thé et le vêtement devient couleur chair pour toujours ! La teinte obtenue avec le café est plus foncée que celle obtenue avec le thé.

N’ayant pas de brou de noix à la maison, j’ai donc opté pour cette deuxième technique. Pour préparer le colorant, le marc de café est infusé une vingtaine de minutes dans de l’eau bouillante, puis à l’aide d’une éponge le bois est imbibé de cette préparation. Une fois l’eau absorbée par le bois, vérifiez la couleur. Si le résultat n’est pas assez foncé, recommencer.

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Après avoir laissé sécher le bois plusieurs jours, il a été recouvert d’une « patine » protectrice, mais au lieu de recouvrir la caisse de cire, je l’ai enduite d’huile de tournesol. Ce procédé a été testé et approuvé sur la table basse de mes parents quand j’étais petite ! C’est l’une des rares bêtises judicieuses que nous ayons faites… L’huile donne un aspect plus authentique aux meubles en bois et les rend facile d’entretien : en 20 ans la table n’a jamais été cirée et un chiffon propre suffit à enlever les traces.

Pour la petite histoire, la façade de la chocolaterie de Noisiel est naturellement protégée et vernie par la graisse de cacao dégagée lors de la transformation du chocolat.

Comme le montre la photographie suivante, la différence de couleur entre les deux parties de la caisse est désormais moins marquée. Opération réussie 🙂

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A noter que certains trous avaient été préalablement bouchés avec du mastique à bois. Avant la teinte, la différence de couleur entre le mastique et le bois était flagrante mais après la teinte au café, le rebouchage est beaucoup plus discret !

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Enfin, pour des raisons pratiques j’ai solidarisé la caisse et le couvercle en ajoutant des charnières (peintes en noir) . Contrairement à ce qu’il y avait avant, j’ai mis des charnières qui n’empiètent pas sur les inscriptions…

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Et voici à quoi ressemble le résultat final. Comme le couvercle et la caisse n’ont pas tout à fait la même couleur, la dernière astuce consiste à poncer légèrement le rebord supérieur de la caisse. Ainsi, il y a un liseré clair qui fait le raccord couleur entre les deux parties. Vous pouvez aussi voir sur la photo, l’aspect vieilli et lustré apporté par l’huile.

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La malle du grand oncle Eugène : la caisse

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Pour mémoire, la photographie de droite montre à quoi ressemblait le bas de la caisse la semaine dernière. Ma tâche de la semaine a donc consisté à le décaper entièrement. Le nettoyage fini, la caisse est actuellement gorgée de xylophène.

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 Avant d’en arriver au traitement, il m’aura fallu :

1. Enlever les baguettes en bois  ainsi que les arêtes métalliques clouées sur la caisse (et ça en fait du clou à enlever !!). Avec les baguettes et les arêtes, l’oncle Eugène a donné l’allure d’une malle à la caisse. Toutefois, les baguettes avaient la double fonction d’orner la malle et de cacher l’espace entre les planches de bois.

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 2. Les pieds étaient mangés par les bestioles (exemple le pied de gauche), ils ont donc été arrachés.

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3. Le plus compliqué et le plus long a été d’attaquer la peinture. Le ponçage est exclu puisque l’inscription « CHOCOLAT MENIER  » est en relief. J’ai donc testé deux solvants : l’eau et l’acétone. Avec l’eau chaude, la peinture et le vernis partent difficilement en grattant. En revanche, l’acétone est nettement plus efficace puisqu’il fait cloquer la couche de vernis et la peinture.

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Toute la caisse a donc été décapée à l’acétone. Pour éliminer les dernières traces de peinture, le bois a été humidifié avec de l’eau chaude et les traces sont grattées avec un pinceau (à poils durs) imbibé d’acétone.

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Sur les faces avant et arrière de la caisse est inscrit en relief « CHOCOLAT MENIER ». Chose étonnante l’acétone n’a pas dégradé les inscriptions et, comme vous pouvez le constater, la couleur des écritures est conservée :

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Décidément, cette restauration réserve plein de surprises ! Les faces latérales sont marquées et identifiées. Sur les photographies ci-dessous on peut y lire « TF 1667 – K66 – 10D  » (haut) et « DEPOT D’AVIGNON – SERIE 15  » (bas). Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, cette caisse ne date pas de 1667 puisque la maison Menier a été fondée en 1816.

Pour la petite histoire, les caisses d’expédition étaient toutes fabriquées dans l’atelier des caisses à Noisiel et le bois utilisé provenait essentiellement des plantations de peupliers de la famille Menier. J’en profite pour vous conseiller la visite de la chocolaterie Menier à Noisiel. C’est un lieu magique visitable uniquement à l’occasion des journées du patrimoine.

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Bien qu’il n’y ait plus de peinture, on remarque que le bois de la caisse est plus foncé que celui du couvercle. Après le traitement au xylophène, je vais donc devoir équilibrer les teintes. Je vous en dirai plus dans le prochain article !

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